Canada : un déplacement en demi-teinte de Trudeau en terre autochtone

Rosanne Casimir, cheffe de la Nation Tk’emlúps te Secwépemc à Kamloops, où ont été découverts en mai des charniers d’enfants autochtones, a qualifié sa rencontre avec le PM canadien de « douce-amère ».

Rosane Casimir, cheffe de la Première Nation (autochtones) Tk’emlúps te Secwépemc à Kamloops (ouest du Canada) a qualifié sa rencontre, lundi, avec le Premier ministre fédéral, Justin Trudeau, de « douce-amère ».

Rappelons que les premiers charniers d’enfants autochtones enterrés près des pensionnats administrés par l’Eglise catholique ont été découverts au mois de mai dernier à Kamloops, située en Colombie britannique, province anglophone de l’ouest du Canada.

La réaction de la cheffe autochtone est motivée, entre autres, par le fait que Trudeau avait choisi de partir en vacances à Tofino, un lieu de villégiature en Colombie britannique, au lieu d’accepter l’invitation de la Nation autochtone provoquant « colère, chagrin et incompréhension », alors que le Canada célébrait pour la première fois, le 30 septembre écoulé, la « Journée nationale pour la Vérité et la réconciliation ».

Rosamen Casimir a tenu, toutefois, à indiquer que les deux parties (Autochtones et gouvernement) « cherchaient à rectifier une erreur ».

« Nous voulons que tous comprennent que, malgré les conditions sous lesquelles nous avons vécu et le fait que justice nous a été refusée, nous continuons à nous battre pour une vie meilleure », a-t-elle ajouté, alliant critiques d’un passé horrible et espoirs en un avenir meilleur pour les populations autochtones.

Casimir a profité du passage de Trudeau, assimilé par nombre d’observateurs, comme une volonté affichée de s’excuser, pour rappeler les demandes des populations autochtones envers les autorités fédérales.

Il s’agit, notamment, de « rendre disponible toute la documentation sur les pensionnaires, de financer un centre de guérison pour les survivants des pensionnats et de soutenir la recherche de sépultures ».

De son côté, le Premier ministre canadien a fait part, à nouveau, de ses « profondes excuses ».

« Les mots sont importants. Reconnaître le tort qui a été fait est important », a-t-il lancé.

A côté des mots qui demeurent importants, Trudeau a souligné que des mesures tangibles seront décidées et mises en œuvre pour parachever la réconciliation.

Commentant sa rencontre avec la cheffe Casimir, le Premier ministre a dit que « Nous avons confirmé que nous allons continuer à travailler ensemble et nous nous sommes engagés à créer un centre de guérison et de soutenir la langue et la culture qui témoignent du rayonnement de la communauté ».

« La réconciliation n’est pas seulement l’affaire des Autochtones et du gouvernement, mais de tous les Canadiens. Il nous faut travailler ensemble », a-t-il encore relevé.

Lassaad Ben Ahmed / Montréal / Hatem Kattou