Editorial : Un numéro spécial évaluation à l’approche d’une année spéciale innovations

L’année qui s’approche n’est pas n’importe quelle année mais 2020 !

Le LEAP est l’un des rejetons du projet de « réinvention de l’Europe » de Franck Biancheri inauguré à Athènes en 1998[1] qui a donné naissance peu après au think-tank Europe2020, l’ancêtre direct du Laboratoire Européen d’Anticipation Politique.

Depuis 21 ans, 2020 est l’horizon du réseau et du projet qui ont fondé LEAP et le GEAB. Pendant toutes ces années, nous avons donc évolué dans un univers familier, à savoir cette « Europe dans le monde » que nous avons contribué à consolider afin de léguer à nos enfants un instrument puissant pour l’étape suivante : la participation des Européens à la construction de l’édifice global.

Au cours de cet exercice citoyen et politique sans précédent, nous avons développé des compétences uniques, à commencer par cette capacité d’anticipation, intrinsèquement liée à notre forte orientation vers l’avenir doublée de la faiblesse de nos moyens (citoyens sans financements) : pour avoir la moindre chance d’influencer un tant soit peu l’avenir, nous n’avions droit à aucune erreur de compréhension de la réalité.

La grande erreur de Biancheri aura été de disparaître en 2012… Mais le millimètre de réorientation que lui et ses réseaux ont réussi à impulser avec pugnacité de 1985 à 2012 se traduit 35 ans après les débuts[2] par un changement de trajectoire sensible, et même s’il n’est plus là, les grandes caractéristiques de son projet se sont déployées : que ce soient les projets de démocratisation des partis politiques transeuropéens, ou ceux d’indépendance stratégique du continent emmenés par le gouvernement français, la « vision 2020 » de Biancheri et de ses réseaux est bien enfin à l’œuvre, malgré tous les détours et retards angoissants pris par le navire Europe depuis 35 ans.

Mais les jeux ne sont pas encore faits et nous abordons l’année 2020 avec circonspection. Nous y ferons connaissance avec une nouvelle Europe qui se frottera bien vite aux nouvelles réalités d’un monde qui va également révéler ses nouvelles caractéristiques. Depuis 10 ans, des architectes chinois, américains, européens… travaillent à l’érection de notre prochain édifice commun en récupérant les pierres des anciens bâtiments recombinées et scellées d’un ciment tout neuf. En 2020, ils vont tirer le rideau sur leur réalisation… et l’on saura si la construction multipolaire tient ou si elle s’effondre au premier coup de vent.

L’année 2020 sera donc une année d’implémentation de nouveaux modèles (financiers, monétaires, politiques, stratégiques, diplomatiques, commerciaux, technologiques…[3]) et donc d’expérimentation, d’apprentissage et de rodage… avec tous les accidents que cela suppose et que le GEAB cherchera à anticiper.

Le regard affuté du GEAB a déjà repéré bien des points de force et de faiblesse de ce qu’il a deviné de la construction en cours d’élaboration. Pour être en pleine capacité d’anticipation de l’année cruciale qui va s’ouvrir, il fallait porter une attention particulière à l’évaluation des fils de compréhension qui alimentent les travaux du GEAB.

Chaque mois de décembre depuis 14 ans, le GEAB partage avec ses lecteurs une évaluation des tendances qu’il a établies onze mois avant (les up&down trends de janvier) et qui guident ses anticipations pendant l’année. Ces tendances constituent en quelque sorte la carte du GPS d’anticipation du GEAB et de ses lecteurs. La mise à jour annuelle de cette carte que permet l’exercice d’évaluation est indispensable à l’optimisation de l’objectivité requise pour y voir clair.

A l’approche de cette année si spéciale, ce numéro de décembre sera entièrement dédié à l’évaluation : non seulement celle des tendances de janvier, mais celle de l’ensemble des analyses et anticipations de l’année, en un « numéro spécial évaluation ».

Depuis une dizaine d’années, nous sommes de plus en plus nombreux à produire des anticipations (nos journaux sont truffés d’affirmation sur l’avenir). Mais nous ne sommes sûrement pas nombreux à analyser nos propres erreurs pour améliorer notre acuité, repérer nos biais cognitifs, vérifier nos fils d’interprétation et éviter de tomber dans un regard idéologique. Pourtant, l’observation rationnelle de l’avenir oblige à intégrer deux principes fondamentaux : le droit à l’erreur et le devoir d’apprendre de ces erreurs.

Le GEAB n’a pas vocation à expliquer l’avenir du haut d’une expertise que personne n’a dans ce domaine. Il se contente d’améliorer l’éclairage de l’intelligence de l’avenir de chacun de ses lecteurs. Il est donc pertinent de partager avec vous ce travail de mise à jour auquel le présent numéro est entièrement consacré.

Par sa lecture, comme nous, vous serez amenés à rectifier les fausses certitudes qui fondent votre pensée. Et forts de ce travail commun de dessillement, dans un mois, nous pourrons poser un regard lucide sur l’année qui nous attend, une année qu’il nous faudra de plus replacer dans un cadre temporel nouveau : la double décennie 2020-2040 qui a le monde pour horizon.

D’ici là, nous vous souhaitons de belles fêtes de fin d’année et vous remercions à nouveau de nous permettre, par vos cotisations, de réaliser ce travail en toute indépendance.

 #géopolitique #monde

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