Faux, cette lettre du ministre de l’Education annonçant le report des vacances d’été est un pastiche

Une lettre attribuée au ministère de l’Education nationale annonçant le report des vacances d’été au 31 juillet, alors que les cours sont suspendus depuis le 16 mars pour lutter contre la propagation du coronavirus, a été partagée près d’un millier de fois en quelques heures le 20 mars sur Facebook. Plusieurs indices montrent qu’en réalité, cette lettre est un faux grossier. Le ministre de l’Education l’a confirmé lui même en fin d’après-midi sur Twitter.

« Suite au discours du Président de la République du 16 mars 2020, la France est en confinement total, (…) Le ministre de l’éducation nationale a pris la ferme décision de reporter le début des vacances d’été au 31 juillet 2020 (sic) » affirme une fausse lettre attribuée au ministre de l’Education nationale datée du 19 mars et tirée d’une capture d’écran de téléphone portable.

Capture d’écran prise le 20 mars 2020

Cette capture d’écran a été partagée près d’un millier de fois en quelques heures sur Facebook le lendemain. Jean-Michel Blanquer l’a dénoncé et démenti son contenu, quelques heures après. 

« Sur les vacances d’été. De fausses nouvelles et même des faux courriers circulent sur ce sujet. Nous n’envisageons pas de changer le calendrier » a écrit le ministre le 20 mars, dans un message posté sur Twitter en fin d’après-midi.

Capture d’écran prise le 20 mars 2020

« Ce n’est pas l’hypothèse que je privilégie, les vacances ont vocation à être maintenues telles quelles » ajoute-t-il dans une interview vidéo à la chaîne M6, intégrée à son tweet. 

Même sans la confirmation du ministre, certains internautes se sont bien aperçus de la supercherie. Voici une liste d’indices prouvant qu’il s’agit d’une mauvaise imitation, ou permettant de douter de son authenticité.

Capture d’écran prise le 20 mars 2020

1. Sur cette capture d’écran, la lettre provient du site gouvfr.fr qui, e réalité, renvoie vers une page vide. Les documents officiels du gouvernement sont hébergés sur la page gouvernement.fr, et pour l’Education nationale sur education.gouv.fr​​

2. La signature affichée en bas de cette lettre n’est pas celle du ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer. Le montage ci-dessous compare la signature du ministre retrouvée par l’AFP au bas de documents officiels téléchargeables sur le site du ministère (ici ou ), à celle présente en bas de la lettre partagée sur Facebook.

3. L’habillage de cette lettre n’est pas celui des lettres officielles. Si le logo du gouvernement est bien correct, il ne figure pourtant pas à la bonne place. La police de caractère utilisée en tête des lettres officielles est absente dans l’imitation. Le format de la date est différent.

4. Les termes utilisés ne correspondent pas aux attributions de Jean-Michel Blanquer, qui est ministre de tutelle des enseignants et des fonctionnaires de l’Education nationale, et non pas le supérieur hierarchique de l’ensemble des citoyens français. Il ne peut donc pas, comme le prétend la lettre s’adresser aux « chers compatriotes » et « demander avec regret aux citoyens français, de reporter leur projet de vacances » .

5. La fausse lettre ne contient pas de majuscules à « education » et à « jeunesse ». Or comme le rappelle l’Académie française sur son site : « Les noms des fonctions, titres et charges civils, publics ou privés, administratifs et religieux sont en minuscules, et c’est encore une fois le terme caractérisant qui prend la majuscule ». Le « ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse » s’écrit bien avec deux majuscules dans tous les documents officiels.

Capture d’écran prise le 20 mars 2020