Festival AJB : Projection d’un documentaire sur la persécution des Bosniaques musulmans du Sandjak

Le documentaire « Sandjak Process » préparé par le journaliste serbe Aleksandar Reljic sera projeté lors du « 3e Festival international du documentaire (AJB DOC) » organisé par Al Jazeera Balkans, et pour lequel l’Agence Anadolu (AA) agit comme Partenaire de communication globale.

Reljic, à travers cette production, documente l’exil, la torture et les indicibles atrocités subies par les Bosniaques vivant dans la région du Sandjak, qui est aujourd’hui frontalière du Monténégro et de la Serbie.

Dans un entretien avec AA, Reljic explique que ce documentaire, une production conjointe de la société serbe « Core Dox » et de Al Jazeera Balkans, tente de dépeindre les problèmes ignorés ou négligés par les médias à l’époque, et que malheureusement très peu de gens sont informés des événements survenus dans le Sandjak à cette époque.

Selon l’auteur, cette réalisation se focalise sur les événements de mai 1993, lorsque 25 membres du Parti d’action démocratique (SDA) ont ​​été arrêtés dans le Sandjak, ainsi que les opérations « Lim » au Monténégro, au cours desquelles 21 personnes ont également été arrêtées.

Notant que les personnes arrêtées dans le cadre de ces opérations étaient accusées de préparer un soulèvement armé, Reljic a dit vouloir rétablir la vérité :

« Il s’agissait en fait d’un processus préconçu. Ces personnes arrêtées ont été gravement torturées par la police et elles ont été forcées d’avouer ce [crime] qu’elles n’avaient pas commis », explique le journaliste serbe.

– Un Bosniaque aveugle était accusé d’être un tireur d’élite

Reljic nous explique encore qu’un jeune homme appelé İbrahim Cikic avait été condamné à deux ans et demi de prison dans le contexte des opérations menées contre les Bosniaques.

« Cikic était accusé de préparer une action en tant que tireur d’élite. Curieusement, Cikic avait perdu la vue 20 ans auparavant ».

Reljic est conscient que son documentaire peut provoquer des réactions hostiles au Monténégro et en Serbie, et ajoute :

« Aucun des crimes commis contre les Bosniaques dans le Sandjak n’a été porté devant les tribunaux internationaux. C’est la preuve que ce qui s’est passé au Sandjak est encore considéré comme tabou. », a estimé le journaliste, ajoutant que la guerre en Bosnie (1992-1995) s’est poursuivie, et que de nombreux crimes de guerre commis contre les Bosniaques dans la région du Sandjak sont restés impunis, et les doléances des victimes de la guerre dans le Sandjak n’ont jamais été entendues.

– « AJB DOC est très important pour les réalisateurs »

Estimant que le festival du documentaire, dont l’Agence Anadolu (AA) est également le « Partenaire de communication globale », est très important pour les réalisateurs, Reljic a également souligné l’importance des mesures prises par Al Jazeera Balkans afin de soutenir le développement de l’industrie du film documentaire dans cette région d’Europe sud-orientale.

Reljic se souvient de son premier documentaire, intitulé « Enkel », récompensé par un prix lors de la première édition du festival, et relatant la relation entre Eva Mozes Kor, l’une des victimes du camp nazi de concentration d’Auschwitz, et le petit-fils du commandant d’Auschwitz Rudolf Höss.

– Trois prix seront décernés au festival

Trois prix seront décernés cette année, lors du concours organisé au sein du festival, avec le slogan « Travel » (Voyage) : « AJB Main Award », « AJB Program Award » et « Public Award ».

Le festival, visant à encourager les écrivains et les documentaires qui traitent de faits de société en mettant l’accent sur les valeurs humaines universelles, durera jusqu’au 15 septembre, et présente des films documentaires adaptés pour la diffusion télévisuelle.


* Traduit du turc par Ümit Dönmez

Sarajevo (Bosnie-Herzégovine) – Dejan Maksimovic, Sanela Crnovrsanin