Foot: que reste-t-il de la CAN 2022?

Prévue en 2021, la Coupe d’Afrique des Nations a été reportée à 2022 en raison de la pandémie de la Covid-19 et a vu les Lions de la Téranga décrocher pour la première fois le trophée continental

La 33ème édition de la Coupe d’Afrique des Nations de football (CAN) s’est tenue au Cameroun, du 9 janvier au 6 février 2022 et a été marquée par une série d’évènements et plusieurs couacs.

Quelques jours après la clôture de la compétition continentale footballistique, quels sont les faits saillants, sportifs et extra-sportifs, qui resteront dans la mémoire des amateurs du ballon rond, africains et autres?

• Les Lions de la Téranga, enfin maîtres de l’Afrique

Les habitants de Dakar et de Saint-Louis et des autres villes sénégalaises ont explosé de joie et de liesse et ont dansé la farandole lorsque Sadio Mané a marqué le cinquième pénalty lors de la fatidique séance de tirs aux buts, scellant ainsi la victoire des Lions de la Teranga face au malheureux finaliste, l’Egypte.

Le Sénégal a été ainsi sacré champion d’Afrique. D’aucuns diraient enfin. En effet, après deux finales perdues en 2000 et en 2019 face, respectivement au Cameroun et à l’Algérie, la bande à Alliou Cissé est parvenue à avoir le mot de la fin et à s’imposer gratifiant ainsi les efforts d’une génération dorée (Mané, Dienf, Geye, Mendy…) mais aussi le talent de plusieurs générations antérieures.

Avec seulement deux buts encaissés et neuf buts inscrits, le Sénégal a été un beau champion qui a remporté des victoires sans bavure face à la Guinée Equatoriale et au Burkina Faso par le même score (3-1) en quarts et en demi-finale et en réussissant à venir à bout d’une équipe égyptienne accrocheuse à souhait et bien positionnée tactiquement.

• L’Algérie : la Désillusion

Détentrice de la précédente édition qui s’est déroulée en terre égyptienne aux mois de juin et de juillet 2019 et en possession d’une série d’invincibilité de 34 matchs avant le début de cette CAN, la sélection algérienne est tombée de …très haut.

En effet, les poulains de l’emblématique coach, Jamel Belmadi, ont quitté le tournoi au terme de la phase de poules après avoir essuyé deux défaites, dont une face aux Eléphants Ivoiriens (1-3) et une seconde contre la Guinée Equatoriale (114ème mondial juste avant la compétition.

Avec un seul but inscrit et quatre encaissés, les Fennecs ont été la pale copie de l’équipe qui a fait un sans faute deux ans et demi plus tôt et qui a réussi à maintenir le cap. Après la salve de critiques virulentes lancée par les médias et l’opinion publique algérienne, les coéquipiers de Riyad Mahrez se doivent de réagir rapidement au mois de mars face au Cameroun pour tenter de se qualifier au Mondial qatari. A défaut,

• Les novices transformés en outsiders

Trois sélections participaient pour la première fois à une CAN. Il s’agit de la Guinée Equatoriale, de la Gambie et des Iles Comores qui n’ont point démérité.

Certes, ces équipes ne sont parvenues à réaliser le coup de maître du débutant mais ont réussi à avoir un parcours des plus honorables pour une première participation.

Les îles Comores et la Gambie ont quitté du tournoi après avoir été difficilement battus par le pays hôte, le Cameroun, qui a disposé par deux buts à un des Insulaires Comoriens, qui bien que amoindris (un joueur de champ assurait dans la cage, les trois gardiens de buts ont été déclarés positifs à la Covid-19) ont livré une prestation héroïque.

C’est d’ailleurs dans ce match que Youssouf M,Changama a, en réduisant le score à neuf minutes du terme pour faire trembler Indomptables jusqu’au bout, a marqué un but d’anthologie en décochant d’une distance de 35 mètres un tir logé dans les filets de l’excellent gardien Andre Onana.

Les « Scorpions » Gambiens ont, quant à eux, réussi en phase de groupe à piquer les expérimentés Tunisiens et les Mourabitounes Mauritaniens par le score étriqué de 1-0 et à contraindre les Aigles Maliens au score de parité (1-1).
En huitièmes de finale, les coéquipiers de Barrow, sociétaire du club italien de FC Bologne, ont surclassé le Silly national guinéen et se sont retrouvés à leur première participation parmi les 8 meilleures équipes du tournoi, avant qu’ils ne soient éliminés par le Cameroun (2-0), ce qui constitue une prestation époustouflante en soi.

• Gabaski et Aboubakar : deux joueurs sortis du lot

Au-delà du onze type choisi par la Confédération africaine de football (CAF), un onze dominé par les Sénégalais, ce qui est somme toute logique, il y a deux joueurs qui ont tiré leurs épingles du jeu par leurs prestations sorties de l’ordinaire. Il s’agit de l’attaquant camerounais Vincent Aboubakar, meilleur buteur du tournoi, et du gardien de buts égyptien, Mohamed Abou Gabal, dit « Gabaski ».

Auteur de huit buts en sept matchs, Vincent Aboubakar, actuel attaquant du club saoudien d’Al-Nassr Riyad et ancien sociétaire, entre autres formations portugaise de FC Porto et turque du Besiktas, a été un des meilleurs joueurs du tournoi à la faveur de son du but et de sa puissance physique mais n’est pas parvenu à battre le record détenu depuis 1974 par le Zairois, Pierre Ndaye Mulamba, auteur de 9 buts, soit le nombre de réalisations le plus élevé en un seul match.

Quant à Abu Gabal, le gardien de buts du club cairote du Zamalek, il a étonné plus d’un par ses parades et ses déploiements. Du haut de ses 32 ans, Gabaski, qui n’a commencé le championnat que contre la Cote d’Ivoire en huitièmes de finale après la sortie sur blessure du premier gardien, Mohamed El Shenawy , a été exceptionnel face aux grosses cylindrées qui se sont dressés sur le chemin de l’Egypte.

En effet, aussi bien face au Maroc, au Cameroun qu’au Sénégal, Gabaski a été un solide rempart contre les assauts d’attaquants de class mondiale, particulièrement en finale face aux coéquipiers de Sadio Mané. Gabaski a notamment arrêté plusieurs penalties lors de la séance des tirs aux buts face au Cameroun et au Sénégal dont un en cours de jeu tir par l’attaquant de Liverpool…Sadio Mané.

• Des couacs extra-sportifs à répétition

En dehors de l’enjeu sportif, la 33ème édition de la CAN a été marqué par une série de couacs, particulièrement au début, ce qui a été du pain béni aux détracteurs du pays organisateur et de Samuel Eto’o, président de la fédération camerounaise de football qui avait engagé un bras de fer pour maintenir l’organisation de la compétition à la date prévue; un report ou une délocalisation étaient plus qu’envisageable à quelques semaines du lancement.
C’est dans ce contexte que nous avons assisté à un scandale arbitral inédit, à des ballons dégonflés en plein match ainsi qu’à un hymne national entonné a capella.
Un scandale arbitral inédit

Le match qui a opposé la Tunisie au Mali a été marqué par un scandale arbitral inédit, non seulement au plan continental mais aussi mondial.

En effet, l’arbitre zambien Janny Sikazwe, qui officiait la rencontre a sifflé la fin du match à deux reprises. Une première à la 84ème minute du jeu et une seconde fois à la 89ème minute, soit les deux fois avant la fin du temps règlementaire.

S’en est suivi un imbroglio et une contestation justifiée par le staff technique tunisien. Plus d’une demi-heure plus tard, la CAF décide de reprendre le match pour trois minutes, équivalentes au temps additionnel, ce qui a été refusé par les joueurs tunisiens alors que l’équipe malienne et le trio arbitral sont retournés sur le rectangle vert, mais sans le Zambien Sikazwe, qui a été remplacé par le quatrième arbitre.

Des informations relayées par les médias, quelques heures après la fin du match, ont fait état d’une détérioration de l’état de santé de l’arbitre qui souffre à l’origine du diabète.

Il convient de noter que l‘arbitre en question est assez expérimenté, lui qui a déjà officié lors de quatre précédentes CAN et du précédent Mondial en Russie. Il avait provisoirement été suspendu pour corruption en 2018 par la CAF avant d’être réhabilité en janvier 2019.

Les médias locaux, continentaux et mondiaux qui ont largement relayé l’information, oscillant entre indignation et sarcasmes, s’interrogent sur l’attitude qui sera adoptée par la CAF, qui se doit d’identifier une solution à cette configuration inédite, ballottée entre le refus de la Tunisie de reprendre le match et l’erreur monumentale commise par l’arbitre qui a mis fin au match avant la fin du temps réglementaire.

– Les ballons dégonflés d’Egypte – Nigéria

Lors du match au sommet du groupe D qui a opposé les Super Eagles aux Pharaons, ce sont les ballons dégonflés qui ont attiré l’attention plus que le spectacle entre les deux gros calibres du football africain.

En effet, et en l’espace de neuf minutes, la rencontre a été arrêtée par l’arbitre à deux reprises, non pas pour blessure, pour soigner un joueur ou pour consulter le VAR mais plutôt pour remplacer le cuir qui était mal gonflé.
Le referee gambien, Bakary Papa Gasama, a dû donc siffler à deux reprises, à la 16àme et à la 25àme minutes, l’arrêt du match, pour remplacer les ballons dégonflés et mal gonflés, ce qui est assez rare lors d’un match de compétition continentale.

– L’hymne mauritanien entonné a capella

Lors de la rencontre du groupe F qui a opposé la Mauritanie à la Gambie, les spectateurs ont assisté à un fait inédit, celui de voir al-Mourabitoun entonner leur hymne national a capella.
Après trois tentatives infructueuses des organisateurs de lancer le bon hymne mauritanien, lors de la protocolaire séance d’avant-match, le speaker du stade a dû présenter ses excuses aux Mauritaniens. Les organisateurs se sont contentés de faire entonner l’hymne gambien seulement.

Excédés d’avoir écouté leur ancien hymne national et des blancs qui s’en sont suivis, les joueurs mauritaniens ont chanté leur hymne national a capella. Un fait inédit de plus et de trop

Ekip  / Hatem Kattou