
Epilogue provisoire de l’affaire qui avait fait dérailler sa campagne présidentielle en 2017, l’ancien Premier ministre François Fillon a été condamné lundi à Paris à deux ans d’emprisonnement ferme et à une lourde amende pour les emplois fictifs de son épouse Penelope.
Les avocats du couple Fillon, qui avaient plaidé la relaxe lors du procès en février-mars, ont annoncé leur intention de faire appel d’une « décision qui n’est pas juste ».
Insistant sur la nécessité d’une sanction « sévère », le tribunal correctionnel de Paris a pointé les « manquements » de l’ex-Premier ministre et ancien parlementaire à ses devoirs de « probité » et d' »exemplarité ».
Les magistrats ont jugé « fictifs ou très largement surévalués » les emplois de Mme Fillon comme assistante parlementaire de son époux et du suppléant de celui-ci dans la Sarthe, Marc Joulaud, au titre de trois contrats signés entre 1998 et 2013, ainsi que les emplois d’assistant des enfants Fillon auprès de leur père sénateur en 2006-2007.
Même chose pour les lucratives activités de conseillère littéraire de Mme Fillon à la Revue des deux mondes du milliardaire Marc Ladreit de Lacharrière, proche de M. Fillon et déjà condamné dans cette affaire.

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Reconnu notamment coupable de détournement de fonds publics et complicité et recel d’abus de biens sociaux, François Fillon est condamné à cinq ans d’emprisonnement, dont deux ferme, 375.000 euros d’amende et dix ans d’inéligibilité.
En vertu d’une loi entrée en vigueur en mars, au-delà d’un an d’emprisonnement une peine doit être en principe exécutée. Mais en l’absence de mandat de dépôt, un appel est suspensif.
– Confiance « érodée » –

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En faisant « prévaloir son intérêt personnel sur l’intérêt commun » dans un but d' »enrichissement personnel », M. Fillon, 66 ans, « a contribué à éroder la confiance » des citoyens, a souligné la présidente du tribunal Nathalie Gavarino.
Penelope Fillon est condamnée à trois ans de prison avec sursis, 375.000 euros d’amende et deux ans d’inéligibilité – elle vient d’être réélue conseillère municipale de sa commune, Solesmes.
Les Fillon avaient décrit des tâches indispensables à la carrière du député, comme la supervision du tri du courrier ou la remontée de doléances d’habitants.
Mais pour le tribunal, aucune des activités de la discrète Galloise, simple « soutien à la carrière de son mari », ne justifiait ses rémunérations fixées « au maximum » possible: ces contrats n’avaient « aucune consistance », ne répondaient à « aucun besoin ».
Marc Joulaud, maire sortant de Sablé-sur-Sarthe, battu dimanche mais élu au conseil municipal, est condamné à trois ans d’emprisonnement avec sursis, 20.000 euros d’amende avec sursis et cinq ans d’inéligibilité. Lui aussi fait appel.

AFP / Bertrand GUAY
– « Pas la moindre remise en question » –
Au total, les fonds publics issus de l’Assemblée et du Sénat et détournés s’élèvent, selon le tribunal, à 1.156.000 euros bruts. Sans compter les 135.000 euros bruts déboursés par la Revue des Deux mondes.
Tout « en prônant un comportement exemplaire », François Fillon a persisté à « mettre en oeuvre un système lui permettant d’utiliser la quasi-totalité du crédit collaborateur qui était à sa disposition (…) et à compléter les revenus de son couple avec des fonds provenant d’abus de biens sociaux », et « n’a pas procédé à la moindre remise en question de son comportement », ont insisté les juges.
Seule l’Assemblée s’est constituée partie civile: les prévenus sont condamnés à lui rembourser plus d’un million d’euros.
Jusqu’en début d’après-midi, l’incertitude avait régné sur le rendu du jugement en raison d’une demande de réouverture des débats formulée par la défense après les « pressions » hiérarchiques évoquées par l’ancienne cheffe du parquet national financier (PNF) Eliane Houlette. Le tribunal a rejeté tacitement cette demande.
« Il y aura un nouveau procès, c’est d’autant plus nécessaire que, depuis quelques jours, on commence enfin à comprendre ce que nous pressentons depuis 2017 », a réagi l’avocat de François Fillon, Antonin Lévy, qui dénonce depuis le départ une enquête menée « à charge ».

AFP / Thomas SAMSON
Les déclarations de Mme Houlette ont relancé dans le clan Fillon les accusations d’instrumentalisation de la justice et conduit Emmanuel Macron à saisir pour avis le Conseil supérieur de la magistrature.
Donné favori à la présidentielle, le chantre de la droite conservatrice avait été éliminé au premier tour après une campagne minée par cette affaire. La pratique des « emplois familiaux » avait été interdite quelques mois plus tard.
Plusieurs responsables des Républicains ont dit lundi leur « stupéfaction » après une condamnation « terriblement lourde ».
L’ancien Premier ministre François Fillon, au tribunal de Paris, le 29 juin 2020 – AFP / Thomas SAMSON

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