Ibrahim Kalin: la Turquie est une « force de stabilité » en Libye

Selon les déclarations du porte-parole de la Présidence turque, Ibrahim Kalin, en réaction aux propos tenus par le président français, Emmanuel Macron, dans lesquels il exhorte Ankara et Moscou à retirer sans délai leurs « mercenaires » de Libye.

La Turquie est présente militairement en Libye comme « force de stabilité », a tenu à préciser samedi le porte-parole de la Présidence de la République Turque, Ibrahim Kalin.

La position officielle de la Turquie intervient au lendemain de la demande formulée par le président français, Emmanuel Macron, à l’encontre d’Ankara et de Moscou, de retirer sans délai leurs « mercenaires » de Libye.

« Nos alliés ont tendance parfois à soulever cette question comme si la présence turque était le principal problème en Libye, alors que ce n’est nullement le cas. Nous sommes là comme force de stabilité en soutien au peuple libyen », a déclaré le porte-parole de la Présidence turque.

À l’issue d’une conférence internationale sur la Libye tenue vendredi à Paris, le locataire de l’Élysée avait déclaré lors d’une conférence de presse qu’ « un premier pas a été fait avec l’annonce hier du retrait de 300 mercenaires », au service du général à la retraite, Khalifa Haftar.

Et Macron d’ajouter « mais ce n’est qu’un début: la Turquie, la Russie doivent aussi retirer sans délai leurs mercenaires et leurs forces militaires, dont la présence menace la stabilité et la sécurité du pays et de toute la région ».

Ibrahim Kalin a fait observer en ce sens que « les militaires turcs sont en Libye dans le cadre d’un accord avec le gouvernement libyen. Ils ne peuvent donc pas être mis sur le même plan que des mercenaires qui sont emmenés d’autres pays ».

Le porte-parole de la présidence turque s’est interrogé sur le sérieux des efforts des pays occidentaux pour imposer le retrait de la société de sécurité privée russe « Wagner » de Libye. « Il y a la présence de « Wagner » et des mercenaires russes là-bas. Je ne sais pas si nos amis et alliés en Europe abordent concrètement ce sujet avec la Russie ou s’ils déploient vraiment un effort sérieux et concerté pour faire sortir « Wagner » de Libye ?», s’est-il interrogé.

Les travaux de la conférence internationale sur la Libye à Paris, avaient démarré vendredi, avec la participation d’une trentaine de pays et d’organisations, dont des pays voisins et d’autres qui sont divisés au sujet de ce conflit.

La conférence vise à ce que les élections libyennes soient tenues selon le calendrier prévu, soit d’ici la fin de l’année et à soutenir la demande de la Libye relative au retrait des forces étrangères du pays.

Selon la déclaration finale, les dirigeants réunis à Paris, ont menacé d’imposer des sanctions aux individus, qui à l’intérieur ou à l’extérieur de la Libye « tenteraient d’entreprendre toute action susceptible d’entraver ou de remettre en cause les élections prévues dans ce pays le 24 décembre 2021 ».

Les participants à la conférence co-présidée par la France aux-côtés de la Libye, l’Allemagne, l’Italie, et des Nations unies, ont également soulevé la nécessité de soutenir les efforts de la Haute Commission électorale libyenne (HNC) pour organiser le double scrutin.

Ils ont également appelé à ce que les premières élections législatives et présidentielle de l’histoire du pays, soient « libres, régulières, inclusives et crédibles », et souligné la nécessité de combattre le terrorisme en Libye « par tous les moyens ».

La milice du général à la retraite, Khalifa Haftar, avait annoncé jeudi par voie de communiqué, relayé par le journal libyen « Al-Marsad », son intention d’expulser un premier contingent de 300 mercenaires qui combattent dans ses rangs en Libye et de les renvoyer vers leurs pays.

Le groupe de sécurité privé russe « Wagner » soutient la milice de Haftar en lui fournissant des mercenaires et du matériel militaire, depuis que le général à la retraite a lancé son offensive contre Tripoli le 4 avril 2019.

Le 4 novembre, la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) avait annoncé un accord visant à établir un mécanisme de communication et de coordination efficace pour expulser les combattants, les mercenaires et les forces étrangères de ce pays arabe.

La Commission militaire mixte libyenne (5+5) avait approuvé le 8 octobre dernier à Genève, un plan d’action pour le retrait graduel des mercenaires et combattants étrangers du pays.

Majdi Ismail /Tunis/Majdi Ismail