La démocratie en Tunisie est une « question tranchée », affirme Othman Jerandi

Déclaration du chef de la diplomatie tunisienne au cours de sa rencontre avec plusieurs ambassadeurs étrangers qui ont mis l’accent sur l’importance que revêt le dialogue au sujet de questions politiques et économiques dans le pays

Le ministre tunisien des Affaires étrangères, Othman Jerandi, a souligné, vendredi, que la démocratie dans son pays est une « question tranchée », annonçant la tenue d’un dialogue national, sans pour autant arrêter de date précise.

C’est ce qui ressort d’une rencontre dans la capitale Tunis du chef de la diplomatie tunisienne avec les ambassadeurs de plusieurs pays (Etats-Unis, Japon, Allemagne, Italie, Canada, Royaume-Uni, France) et le représentant de l’Union européenne, selon un communiqué du ministère tunisien des Affaires étrangères.

Jerandi a indiqué que les « prochaines échéances politiques constituent une étape sur la voie de l’ancrage d’un régime démocratique sain et pérenne, qui répondrait aux aspirations du peuple tunisien tout en garantissant ses droits et libertés ».

Il a ajouté que « les prochaines échéances électorales, qui se dérouleront à leur date (sans déterminer de date), et sous la supervision de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), seront précédées par un dialogue national basé sur les conclusions de la Consultation nationale.

Lancée par le président de la République, Kaïs Saïed, à la mi-janvier dernier, la Consultation nationale a touché des questions sociales, politiques et économiques, en particulier le régime politique, et s’est poursuivie jusqu’au 20 mars dernier.

Selon les résultats de la Consultation annoncés, vendredi dernier, près d’un demi-million de personnes y ont participé et 86,4% parmi les participants ont exprimé le souhait d’établir un régime présidentiel.

De leur côté, les ambassadeurs ont mis l’accent sur l’importance d’organiser un dialogue avec les différents acteurs et composantes de la société tunisienne, au sujet des questions économiques et politiques, de nature à garantir le consensus et la pérennité des solutions suggérées », indique le communiqué.

Les ambassadeurs ont également réitéré l’engagement de leurs pays respectifs à « soutenir la Tunisie dans ses négociations avec le Fonds monétaire international (FMI), mettant en valeur l’importance de fructifier les prochaines réunions avec le FMI, pour annoncer un programme global, pérenne et réalisable pour les réformes qu’envisage la Tunisie ».

Mercredi, la Banque mondiale a conclu un accord de prêt avec la Tunisie d’un montant de 400 millions de dollars, qui sera consacré au financement des projets de soutien à la protection sociale pour faire face en urgence aux impacts de la pandémie de Covid-19 sur fond de la crise économique qui secoue le pays.

La Tunisie souffre, depuis le 25 juillet dernier, d’une crise politique aiguë, lorsque le président Saïed avait imposé des mesures « d’exception », s’agissant entre autres du gel des activités du Parlement, de la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature tout en légiférant par décrets présidentiels.

Des forces politiques tunisiennes ont considéré ces mesures comme étant un « coup d’Etat contre la Constitution », tandis que d’autres composantes l’ont qualifié de « restauration du processus de la révolution de 2011 », qui avait fait chuter l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali.

De son côté, Saïed, qui a entamé un mandat présidentiel de cinq ans en 2019, a relevé que ces mesures prises dans le cadre de la Constitution ont pour but de « protéger l’Etat d’un danger éminent ».

Yosra Ouanes *Traduit de l’arabe par Hatem Kattou