
Apogée des tensions entre alliés, la réunion au sommet des leaders de l’OTAN à Londres les 3 et 4 décembre permet de voir que, malgré des remontées budgétaires, point majeur de contentieux entre USA et Europe, l’essentiel est ailleurs, plus stratégique. Retour sur un sommet tumultueux
Dimanche 6 octobre 2019, sans vraiment avertir ses alliés, le président américain Donald Trump donne le feu vert à une intervention turque dans le nord de la Syrie après un entretien téléphonique avec son homologue turc Recep Tayyip Erdoğan. Lire : Stupeur chez les Européens après l’annonce de Donald Trump de retrait américain du Nord-Syrie au profit des Turcs.
Mercredi 9 octobre 2019, l’armée turque franchit la frontière. L’opération ‘Source de Paix’ (Peace Spring) démarre. Lire notre dossier N°76. La mise en place d’une zone de sécurité turque dans le Nord-Est de la Syrie. Un changement de donne dans le conflit syrien* et l’offensive turque en Syrie rebat les cartes*.
Vendredi 18 octobre 2019, à la fin du Conseil européen, le président français Emmanuel Macron pointe la faute lourde des Occidentaux et de l’OTAN en Syrie*. Il déclare notamment qu’il a « découvert par tweet que les États-Unis décidaient de retirer leurs troupes et de libérer la zone, comme tout le monde », dévoilant au public le manque de communications entre alliés. Pour lui cela remet aussi en question le future au long terme de l’OTAN. Il donne ensuite une interview, le 21 octobre au journal britannique The Economist, qui ne sera révélée que plus tard (cf. 6-7 novembre).
Les 24 et 25 octobre 2019, réunis à Bruxelles, les ministres de la Défense des Alliés sont remués par l’offensive turque en Syrie sur l’OTAN. L’atmosphère de la réunion est plutôt inédite. Personne ne connait ni le point de départ, ni le point d’arrivée. Ce qui, dans une machinerie aussi bien huilée, que l’Alliance atlantique est surprenant.. Face à la crise turque, l’OTAN a perdu sa boussole. Les alliés respecter la façade de l’unité sans vraiment y parvenir. L’affaire turque laisse une vilaine cicatrice. Discussion franche et ouverte à l’OTAN sur la Turquie sans solution. La blessure entre alliés demeure.
Malgré tout, deux questions se posent, de façon plus profonde :
- l’OTAN est-elle toujours une organisation politique ?
- la clause de solidarité de l’OTAN (article 5) peut-elle jouer ?
Les 30 et 31 octobre 2019, dans une déclaration adoptée à Kiev à l’occasion de la réunion de la commission OTAN-Ukraine, les 30 et 31 octobre, les Alliés se disent « déterminés à continuer d’appuyer le programme de réformes de l’Ukraine dans le secteur de la sécurité et de la défense, notamment par le biais du programme d’assistance globale (PAC), afin de lui permettre de mieux assurer sa propre sécurité ». Lire : Le principe de l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN réaffirmé discrètement
Jeudi 7 novembre 2019, dans une interview au journal britannique The Economist, le président français, enfonce le clou : « Nous devrons à un moment faire le bilan de l’OTAN. Ce qu’on est en train de vivre, c’est la mort cérébrale de l’OTAN. Il faut être lucide ». Les États-Unis « ne partagent pas l’idée du projet européen ». Il est grand temps que l’Europe « se réveille ». Lire : L’OTAN en état de mort cérébrale dixit Emmanuel Macron*
Les réactions fusent en tout sens après les déclarations d’Emmanuel Macron. « Je ne pense pas qu’un tel jugement intempestif soit nécessaire, même si nous avons des problèmes, même si nous devons nous ressaisir », souligne la chancelière allemande Angela Merkel. Des réactions en désordre*, reste à savoir si cela sera suffisant. L’OTAN est morte ? Elle est entrée en réanimation. Attendons sa résurrection… *
Mercredi 20 novembre 2019, lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères à l’OTAN (agenda), les ministres allemand et français des Affaires étrangères font, tour à tour, une proposition d’une réflexion stratégique. Une commission d’experts pour réfléchir au futur de l’OTAN, propose l’Allemand Heiko Maas. Une manière de combler le vide politique et Le Drian propose une réflexion tout azimut : du rôle de l’OTAN aux relations avec la Russie en passant par la Chine. Les deux propositions convergent, avec une différence très nette l’Allemagne propose un rôle de présidence pour le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg.
« Après le Brexit, l’Union européenne ne sera plus à même de défendre l’Europe. 80% des dépenses de l’OTAN seront assurées par des pays non membres de l’UE » déclare face à la presse le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg. Quand Jens Stoltenberg (OTAN) voit l’Union européenne incapable de se défendre. A-t-il raison ? (Analyse)
Vendredi 29 novembre 2019, les dernières statistiques de l’OTAN démontre une augmentation très nette des budgets de défense. Lire : Les budgets de défense des pays de l’OTAN passés à la loupe
Mardi 3 décembre 2019, la réunion s’ouvre emplie de brouilles et d’amertumes. Toutes les têtes sont tournées vers deux personnages principaux : Donald Trump et Emmanuel Macron, car entre Américains et Français, la vraie question de la stratégie à long terme de l’OTAN se pose. Alors que le président américain concentre, comme à son habitude, ses préoccupations sur les dépenses de défense des Alliés européens et canadien, Emmanuel Macron soulève un débat bien différent : les dépenses sont certes nécessaires, mais avec une orientation stratégique, c’est mieux.
Mercredi 4 décembre 2019, les leaders réunis à Londres décident de réfléchir à « l’évolution de l’environnement stratégique » et définissent les différentes menaces et défis auxquels ils doivent faire. Lire : L’OTAN lance une réflexion stratégique. La Russie reste la principale menace. La Chine devient un défi. Le dirigeant turc Recep Tayyip Erdoğan concentre toutes les attentions. S’ensuit un véritable chassé croisé avec la Turquie au sommet de l’OTAN. Objectif des alliés : garder la Turquie à bord, d’où l’insistance à souligner combien Ankara reste un Allié important, malgré les dérapages.
(NGV et CG, st. et AP)

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