Le Hip Hop aux Jeux Olympiques, une occasion à saisir pour l’Afrique.

Quarante-cinq ans après sa naissance dans les rues de New York, la danse acrobatique issue du hip hop figure aujourd’hui sur la liste restreinte des sports invités aux Jeux Olympiques de Paris en 2024.

Depuis 1956 à nos jours, l’Afrique a remporté 286 médailles, dont la majorité a été raflée, en Athlétisme, par le Kenya et l’Ethiopie, et en Natation par l’Afrique du Sud. En 2024, on espère en gagner davantage et pourquoi pas dans la catégorie hip hop puisque le hip hop prend ses racines en Afrique. 

Le hip hop arrive au cœur de l’Europe, en Belgique, fin des années 70 par le biais de la télévision et de la radio, rarement par le biais de jeunes qui voyageaient aux États-Unis ou par la présence des soldats américains des bases militaires établies en Europe. Ce sont plutôt les clips vidéos des chanteurs américains tel que Rod Stewart avec sa chanson « Young turks » et les journaux télévisés tel que celui de Yves Mourousi qui en firent en quelque sorte la promotion. C’est aussi l’époque où les jeunes issues de l’immigration étaient en majorité des adolescents qui ont embrassé le mouvement hip hop en masse. Indéniablement, les jeunes des premières générations issues de l’immigration africaine en Europe ont été la fondation et les racines sur lesquelles le hip hop de Belgique et de France se sont développées.

Acteur, membre et militant du mouvement hip hop en Belgique depuis ses débuts dans les années 80, moi, Fares Boudidit, j’ai pris la décision, il y a presque 30 ans, de rétablir la vérité sur l’histoire de ce mouvement en Belgique puisque l’histoire officielle délivrée par les institutions et les sociologues ne correspond pas à la réalité. J’ai donc entrepris de réunir autour de moi les anciens du mouvement hip hop belge pour collecter les archives et leurs témoignages dans le but d’apporter une véritable racine à la jeunesse. Au terme de mes recherches sur la naissance du hip hop en Belgique, j’ai pu déterminé sa naissance à l’année 1980. Le hip hop a depuis joué un rôle important dans la culture nationale belge et française et passe en Belgique comme étant la culture populaire du moment. 

Mon étude relève, entre autre, que le hip-hop en France et en Belgique a été associé à des minorités liées à l’immigration et les jeunes des ghettos qui ont exprimé dès le début leur colère contre le racisme et l’inégalité des chances. Il est vrai que la première génération du mouvement hip hop belge a été composée principalement de l’immigration africaine avec une forte majorité de marocains dans ses rangs. 

Congolais, marocains, algérien ou tunisien, la radio télévision belge francophone les nommait d’ailleurs “les africains”. Ces congolais, ces marocains,  ainsi que tous les autres jeunes oginaires des différents pays autre que la Belgique ont été des légendes dès le début du hip hop belge et le nombre de belges autochtones était très faible quand le hip hop a fait ses premières apparitions dans les villes du plat pays. Ce sont ces mêmes africains qui, une fois de retour au pays pour quelques semaines de vacances d’été, ont radicalement influencé les jeunes africains du pays d’origine dans la manière très européenne d’exprimer le hip hop. 

Devant l’importance de l’évènement à venir et désireux d’organiser un forum pour la promotion de la Fédération Royale du Hip Hop au Maroc, j’ai pu le constater moi-même en parcourant le Maroc et en découvrant que les racines du hip hop marocains provenaient en très grande partie des marocain du monde et plus particulièrement de ceux de Belgique et de France. Mon dossier sur la promotion des MRE dans cette Fédération Royale du Hip Hop marocain sera déposée, je l’espère, auprès de Son Excellence Monsieur le Ministre de la jeunesse, Hassan Abuyaba, qui est, à mon sens, l’une des personnalités politiques les mieux placées pour comprendre tous les enjeux et toutes les opportunités qu’offre le hip hop à la jeunesse marocaine.   

Les premiers champions d’Europe ou du monde sont ces africains résidents à l’étranger et ils ont été ceux qui ont porté le hip hop d’Europe au niveau mondial pour devenir des rivaux sérieux devant l’hégémonie de la danse acrobatique du hip hop américain pour ne citer que cette catégorie de danse. 

Pour ma part, je rêve de voir les africains résidents à l’étranger accompagner ou faire partie des équipes olympiques africaines dans cette catégorie précise qui est tout un symbole. Le hip hop est une culture et une pratique mondiale qui porte en elle toute l’empreinte génétique des cultures africaines. Le hip hop aux Jeux Olympiques est une occasion à saisir pour l’Afrique car l’Afrique est la terre natale de tant de grands athlètes olympiques. C’est aussi un continent peuplé de jeunes et nous le savons les jeunes africains d’aujourd’hui aiment le hip hop. La nécessité de créer des fédérations du hip hop en vue d’organiser les équipes pour le hip hop aux Jeux Olympiques devient urgente. Il nous faut aider d’autres africains à trouver le chemin des podiums car c’est au tour de l’Afrique de dominer dans cette discipline dont les origines sont essentiellement africaines. Nous pourrons aussi compter sur des rencontres internationales sur le continent du berceau de l’humanité, des rencontres entre les africains d’Europe et ceux d’Afrique, des rencontres inter-africaine pour que nos jeunes échangent et se connaissent davantage. L’Afrique a tout à y gagner au-delà des médailles, de la dignité retrouvée, des cultures partagées. 

Que nos jeunes du hip hop puissent nous représenter fièrement aux Jeux Olympiques de Paris en 2024 pour nous ramener quelques médailles d’or afin d’honorer l’Afrique et que tout ceci génère ensuite pour nos jeunes de la stabilité, des vocations, des emplois dans ce secteur de la créativité et de la culture.

Image : https://img.aws.la-croix.com/2016/12/02/1300807586/Sosod-demonstration-danse-Tour-Eiffel-9-novembre-2016_1_1400_933.jpg