Le Maroc appelle à ne pas recourir à la force pour régler les différends entre les États

C’est la première déclaration de Rabat depuis le déclenchement de la crise ukrainienne

Le Maroc a exprimé, samedi, sa préoccupation face à l’évolution de la situation entre la Russie et l’Ukraine, soulignant son attachement au principe de « non-recours à la force » dans le règlement des différends entre États.

C’est ce qui est ressorti du communiqué publié par le ministère marocain des Affaires étrangères, qui exprime pour la première fois la position de Rabat vis-à-vis de la crise ukrainienne.

Le communiqué indique que « le Royaume du Maroc suit avec préoccupation l’évolution de la situation entre la Russie et l’Ukraine ».

« Le Royaume affirme son attachement au principe de non-recours à la force pour le règlement des différends entre États, et encourage toutes les initiatives et actions favorisant un règlement pacifique des différends », d’après la même source.

Le Maroc a affirmé, selon le communiqué, « son soutien à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale de tous les Etats membres des Nations Unies ».

Les positions des pays arabes vis-à-vis de l’intervention militaire russe en Ukraine divergent : l’Égypte, le Qatar, la Libye, la Jordanie, le Koweït et la Tunisie ont appelé les parties au conflit au calme, à la retenue et à privilégier le dialogue. Le Liban a quant à lui, appelé Moscou à retirer ses forces immédiatement, tandis que les Émirats arabes unis ont exigé une désescalade et la cessation des « actes hostiles » en Ukraine.

Jeudi à l’aube, la Russie avait lancé une opération militaire en Ukraine. L’intervention russe a provoqué des réactions de colère dans plusieurs pays à travers le monde qui ont appelé à des sanctions plus sévères contre Moscou.

*La crise du Donbass et l’intervention militaire de la Russie

En 2014, suite aux manifestations populaires qui ont secoué l’Ukraine, le Chef de l’État Viktor Ianoukovitch a fui le pays, laissant ainsi la place à un gouvernement pro-occidental. La crise qui s’en est suivie a vu la Russie envahir la Crimée et annexer illégalement ce territoire ukrainien, puis appuyer les revendications indépendantistes des régions ukrainiennes de Donetsk et Louhansk, majoritairement russophones.

Des affrontements meurtriers déclenchés dans la foulée de la proclamation unilatérale de l’indépendance des deux régions ukrainiennes, avaient alors opposé les forces séparatistes soutenues par la Russie et l’armée de Kiev.

La diplomatie ayant repris l’initiative en 2014 et 2015, les appuis de Kiev en Occident ont négocié avec Moscou un accord de cessez-le-feu, connu comme les Accords de Minsk, qui bien qu’ayant servi à désamorcer la crise, ont été marqués par de nombreuses violations de cette trêve, coutant la vie à quelque 14 mille ukrainiens des deux bords.

Lorsque la Russie a commencé à déployer des dizaines de milliers de soldats le long des régions frontalières avec l’Ukraine vers la fin de l’année 2021, les États-Unis et leurs alliés occidentaux ont affirmé que Moscou se préparait à envahir l’Ukraine, menaçant Vladimir Poutine de lourdes sanctions s’il venait à porter atteinte à la souveraineté de l’Ukraine et à son intégrité territoriale.

Moscou, qui n’a eu de cesse de démentir toute velléité d’invasion de l’ancienne république soviétique, a pourtant décidé de reconnaitre l’indépendance de Donetsk et de Louhansk, puis, le 24 février, de lancer une intervention militaire sur le territoire ukrainien pour, selon les termes de Vladimir Poutine, défendre les populations menacées de « génocide par Kiev » et « libérer l’Ukraine du nazisme et du militarisme, appelant par là même l’armée ukrainienne à déposer les armes.

Khalid Mejdoup *Traduit de l’arabe par Hend Abdessamad