Le prolongement du pass sanitaire poserait un «grave problème démocratique» selon Mathieu Slama

Emmanuel Macron n’a pas écarté l’idée de prolonger le pass sanitaire au-delà de la date du 15 novembre prévue par la loi. Au micro de Sputnik, l’analyste politique Mathieu Slama s’inquiète de cette entorse «permanente» aux libertés fondamentales.

«Cela valide un peu la crainte de tous ceux qui voyaient dans cette mesure une brèche ouverte vers des mesures de plus en plus liberticides.» 

Dans le collimateur de notre invité Mathieu Slama, les récentes déclarations faites par le Président de la République à Marseille. Pour le chef de l’État, il n’est pas exclu que la durée d’application du pass sanitaire soit allongée dans «les territoires sous forte pression de l’épidémie de Covid-19». 

Une nouvelle illustration pour Mathieu Slama de l’«insécurité juridique» qui pèse sur «nos principes» démocratiques depuis le début de cette crise sanitaire. Et notre interlocuteur de reconnaître qu’«il y a de quoi créer de l’inquiétude chez beaucoup de gens».

Néanmoins, «il n’a aucune surprise à cette déclaration qui n’en est pas vraiment une», analyse l’enseignant au Celsa. Depuis mars 2020, rappelle-t-il, la France est «en état d’exception permanent avec des mesures attentatoires à l’État de droit qui sont prolongées en permanence». 

Si la cause est «compréhensible», à savoir la lutte contre l’épidémie, notre interlocuteur rappelle qu’il y a néanmoins un «grave problème démocratique». Celui de «conditionner nos libertés fondamentales» à «des objectifs et des critères scientifiques aussi fragiles» que le taux d’incidence ou de vaccination.

Dans cet arbitrage des valeurs entre le droit à la santé et les libertés individuelles, la seconde, selon notre interlocuteur, et ce malgré la récente décision du Conseil constitutionnel, a traditionnellement pris le dessus en France.

Par Thomas Arrighi © Sputnik