Les forces d’Assad progressent et sécurisent davantage la région d’Alep

Par ALBERT AJI et SARAH EL DEEB

Les troupes syriennes ont fait des progrès importants contre les dernières enclaves détenues par les rebelles dans le nord-ouest du pays, ont déclaré dimanche les médias, renforçant l’emprise du gouvernement sur la principale province d’Alep.

L’avancée du gouvernement syrien a également semblé mettre la capitale provinciale d’Alep hors du champ de tir des groupes d’opposition pour la première fois depuis des années, un autre signe du contrôle croissant du président syrien Bashar Assad sur la région.

L’opposition armée avait été chassée des quartiers est de la ville d’Alep fin 2016, qu’elle contrôlait depuis des années tout en luttant contre les forces gouvernementales qui dirigeaient la partie ouest. Des groupes rebelles avaient cependant continué à harceler les forces gouvernementales de l’extérieur de la ville avec des obus de mortier.

L’agence de presse nationale SANA a rapporté que 30 villages et villes autour de la ville dans la campagne ouest d’Alep ont été capturés dimanche.

Rami Abdul-Rahman, chef de l’Observatoire syrien des droits de l’homme basé en Grande-Bretagne, a confirmé le rapport.

La télévision publique Al-Ikhbariya a déclaré que les troupes gouvernementales assiégeaient toujours les restes des combattants de l’opposition dans une petite partie de l’ouest rural d’Alep. En outre, certaines parties du nord de la région d’Alep, à cheval sur la frontière avec la Turquie, sont administrées par la Turquie et des factions syriennes alliées. Un autre segment de la province plus à l’ouest est contrôlé par des forces dirigées par les Kurdes, alliées aux États-Unis. Les deux parties n’ont pas fait partie de l’offensive gouvernementale.

Les combats dans la région d’Alep et la province voisine d’Idlib ont déclenché une crise humanitaire. Plus de 800 000 civils sur près de 4 millions vivant dans l’enclave ont été déplacés, vivant dans des champs ouverts et des abris temporaires pour la plupart dans des conditions hivernales difficiles.

L’opposition armée est maintenant coincée dans une zone de rétrécissement de la province voisine d’Idlib, où le gouvernement est également à l’offensive.

« Le peuple syrien est déterminé à libérer tous les territoires syriens », a déclaré dimanche le président Assad, selon l’agence de presse d’Etat syrienne.

Assad s’exprimait lors d’une réunion avec le président du Parlement iranien en visite, Ali Larijani. L’Iran et la Russie ont tous deux fortement soutenu Assad dans la guerre civile.

Le chef de file syrien a également affirmé que des «terroristes» dans le nord-ouest de la Syrie utilisaient les résidents comme «boucliers humains», dans le but d’empêcher les troupes syriennes d’avancer sur le territoire.

Le gouvernement syrien considère toutes les oppositions de la guerre de neuf ans comme des «terroristes» et a maintes fois dénoncé les prisonniers des zones qu’ils contrôlent comme otages. Mais de nombreux déplacés dans la province syrienne d’Idlib ont fui les combats dans d’autres parties du pays, choisissant de vivre dans des zones échappant au contrôle du gouvernement.

La Turquie a envoyé des milliers de soldats et d’équipement dans l’enclave de l’opposition, dans le but de bloquer l’avance du gouvernement.

La Turquie, qui soutient l’opposition, a appelé à la fin de l’offensive du gouvernement syrien. Il craint également que les personnes déplacées ne dépassent ses frontières. La Turquie abrite déjà plus de 3,5 millions de réfugiés syriens. L’ONU a également appelé à un cessez-le-feu.

Larijani, quant à lui, a réitéré le soutien de son pays à la Syrie dans la lutte contre le terrorisme. L’Iran a joué un rôle clé dans le soutien aux efforts de guerre d’Assad, en envoyant un soutien financier ainsi que des combattants pour soutenir les opérations militaires syriennes.

Le soutien de la Russie et de l’Iran a permis aux forces d’Assad de reprendre le contrôle d’une grande partie des territoires qu’ils avaient perdus au profit de groupes armés qui ont travaillé pour le renverser.

Plus de 400 000 personnes ont été tuées et la moitié de la population syrienne déplacée depuis que les manifestations pacifiques de 2011 se sont transformées en une guerre civile alimentée par des interventions étrangères.

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Sur cette photo publiée par l’agence de presse officielle syrienne SANA, le président syrien Bashar Assad, à droite, s’adresse au président du Parlement iranien Ali Larijani, à Damas, en Syrie, dimanche 16 février 2020. (SANA via AP)