Mesures sanitaires: «Pour préserver la liberté et le sens de la justice, il est important de dire non au gouvernement»

Au lendemain du dernier point sur la situation sanitaire et après l’annonce d’une extension du couvre-feu, Jean-Frédéric Poisson, le président du parti VIA, la Voie du peuple et candidat à la prochaine élection présidentielle, fait le point. Il dénonce un entêtement du pouvoir et une instrumentalisation de la crise.

La conférence de presse tenue par Jean Castex ce jeudi 14 janvier n’a pas été des plus riches en surprises. Le couvre-feu dès 18 heures pour toute la France était la thèse largement privilégiée.

 Cependant, la menace d’un nouveau confinement dans les prochains jours plane toujours. Outre cette nouvelle contrainte, une reprise progressive du présentiel dans l’enseignement supérieur (par demi-groupes et uniquement pour les travaux dirigés) et des accompagnements économiques ont été annoncés. Pour Jean-Frédéric Poisson, chef du parti VIA, la Voie du peuple, les restrictions attentent aux libertés et n’entravent pas la propagation du virus. Interview.

Les nouvelles décisions du gouvernement face à la progression de l’épidémie sont-elles un mal nécessaire?

J.-F. Poisson: Non, je ne le pense pas. Ces annonces sont une très mauvaise nouvelle pour le pays. Nous savons d’expérience que les couvre-feux et confinements à répétitions sont totalement inefficaces. Surtout, ils paralysent le pays de façon dangereuse. Le gouvernement n’arrive pas à sortir de ce trépied confinement-vaccin-test. Il s’obstine dans des décisions chaotiques sans se préoccuper de la détresse grandissante. Il y aurait d’autres solutions à exploiter qui permettraient de maintenir l’économie et une certaine forme de liberté. Mais elles ne sont même pas prises en compte.

Quelles-sont ces solutions?

J.-F. Poisson: Il faudrait commencer par fermer véritablement les frontières. Aujourd’hui, on nous dit qu’il faut un test PCR négatif pour entrer sur le territoire. Mais ne nous a-t-on pas répété en boucle que des tests négatifs pouvaient s’avérer positifs et inversement? Voilà un exemple flagrant des contradictions de l’exécutif.

«Je suis totalement favorable à une désobéissance civile»

 Il faudrait également écouter les médecins qualifiés. Pas seulement ceux qui ont des conflits d’intérêts. Les laisser prescrire les traitements qu’ils considèrent efficaces. Ils savent ce qu’ils font. Par ailleurs, beaucoup considèrent que, pour atteindre une immunité collective, le confinement n’est pas efficace.

Tester, isoler, voire vacciner les personnes qui doivent l’être (les personnes à risques, celles qui sont contaminées) et laisser le pays tourner me paraît aussi une solution raisonnable. Même si, personnellement, je m’inquiéterais de la composition de certains vaccins.

Ces restrictions signent-elles l’arrêt de mort de certaines professions?

J.-F. Poisson: Le confinement et autres mesures restrictives conduisent à une détresse massive, on l’a vu avec les étudiants. Il y a aussi une augmentation de la pauvreté qui est considérable. Certaines professions sont au bord du gouffre. Les restaurateurs et les petits commerçants sont nombreux à refuser de suivre docilement les règles et à vouloir se lever pour leur survie. Avec ceux qui ont décidé de rouvrir leurs restaurants ou de ne pas respecter le couvre-feu, des frondes se préparent. Je ne peux que le comprendre.

Vous aviez déjà encouragé les Français à protester contre les mesures de confinement et engagé plusieurs recours en justice pour les faire annuler. Que préconisez-vous cette fois-ci?

J.-F. Poisson: Je ne souhaite pas qu’il y ait d’insurrection au sens propre du terme. La démocratie en serait entachée. En revanche, je suis favorable à une désobéissance civile. J’invite ceux qui n’en peuvent plus à cesser de respecter des directives injustes. Pour préserver la liberté et le sens de la justice, il est important de dire non au gouvernement lorsqu’il va trop loin. Il ne faut rien lâcher et le faire de manière républicaine. J’ignore quelle tournure peut prendre un soulèvement populaire à l’échelle nationale, mais il faudrait que l’exécutif recule comme cela s’est déjà produit.

Vous avez annoncé votre candidature à l’élection présidentielle de 2022. Doit-on redouter que la campagne électorale soit monopolisée par les questions liées à la gestion de l’épidémie?

J.-F. Poisson: Ma crainte est que la campagne présidentielle soit le théâtre d’une instrumentalisation de la crise sanitaire par le pouvoir. 

C’est déjà le cas lorsque l’on ne peut pas émettre un avis contraire à ses mesures ou à sa campagne de vaccination sans être considéré comme un odieux personnage par la plupart des médias mainstream ou lorsque de prétendus «experts» viennent louer à longueur de journée le bien-fondé des mesures mises en place par le gouvernement. Nous risquons d’assister à une mise en scène de l’épidémie et donc à une tromperie des Français durant la période électorale.

Par Adrien Peltier © AFP 2020 JOEL SAGET