RDC : Le SG adjoint de l’ONU en visite en Ituri

Le secrétaire général adjoint des Nations unies en charge des opérations et maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix, est arrivé, mardi, dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC) pour une mission de trois jours essentiellement consacrée à la province de l’Ituri où des humanitaires sont la cible des attaques armées.


Lacroix est arrivé à Bunia, chef-lieu de la province de l’Ituri où il a été accueilli au pied de l’avion par le vice-gouverneur de l’Ituri, le commissaire divisionnaire, Alonga Boni Benjamin. Il était accompagné du ministre congolais de la Défense, Gilbert Kabanda.

Le chef adjoint de l’ONU a foulé le sol de l’Ituri en lieu et place d’Antonio Guterres, secrétaire général, qui a annulé in extremis sa visite en RDC suite à la situation préoccupante en Ukraine menacée par une invasion russe.

A peine arrivé, Jean-Pierre Lacroix s’est rendu à Djugu pour s’enquérir de la situation des déplacés de guerre hébergés au site de Rhoo dans la chefferie de Bahema-Nord où des déplacés ont récemment été victimes des attaques des miliciens de la Coopérative pour le développement du Congo (CODECO).

Ce site perché sur une colline abrite plus de soixante mille personnes qui ont fui les exactions des miliciens dans le territoire de Djugu. Il est prévu que Lacroix s’entretienne avec la représentation des déplacés et les autorités coutumières.

Dans un mémorandum destiné à Lacroix et dont une copie est parvenue à l’Agence Anadolu, la société civile de l’Ituri indiqué que plus de 150 personnes ont été tuées en l’espace de trois semaines dans la province, pourtant sous état de siège depuis environ dix mois.

Alors que les besoins des populations vulnérables augmentent, l’espace humanitaire et l’accès aux soins pour les populations diminuent, a regretté l’organisation médicale et humanitaire internationale, Médecins Sans Frontières (MSF) dans un communiqué publié à l’occasion de la visite du responsable onusien.

“En juin 2021, l’hôpital de Boga en Ituri que nous soutenions depuis deux ans, était pillé et incendié privant la population du district de soins. En octobre dernier, un nouveau seuil a été franchi lorsque nos équipes MSF dans un convoi, pourtant bien identifié, ont été prises pour cible entre les territoires de Kobu et Bambu. Attaque au cours de laquelle, deux de nos collègues ont été grièvement blessés”, relate MSF.

“Cette violence, violation caractérisée du droit humanitaire, nous scandalise car elle vise intentionnellement par sa fréquence et son intensité à priver les populations d’une assistance humanitaire qui est souvent son dernier espoir”, indique encore l’organisation, qui appelle Lacroix à insister sur “l’absolue nécessité pour tous les porteurs d’arme de respecter les civils, les structures de santé et l’aide humanitaire”. Pour MSF, “Il est urgent que l’assistance respecte les principes humanitaires et ne soit plus l’otage de la politique”.

D’après les Nations unies, 7 humanitaires ont été tués en 2022, dans les provinces de l’Est dont 3 au Nord-Kivu, 2 en Ituri, 1 au Sud-Kivu et 1 au Tanganyika. Au total, 292 incidents ont été enregistrés, dont des actes de violence armée, toujours selon l’ONU, qui affirme avoir recensé également 29 humanitaires blessés et 25 autres enlevés en 2022.

Fatma Bendhaou