Rwanda : les autorités démentent l’enlèvement d’une personnalité de l’opposition

Le président Paul Kagame assure que le procès de Paul Rusesabagina sera « mené au grand jour » et dans la transparence

Le Président rwandais Paul Kagame a réfuté, dimanche, les informations relayées par les médias selon lesquelles le dissident Paul Rusesabagina aurait été kidnappé afin de le ramener au Rwanda, affirmant que ce dernier était responsable de sa propre arrestation.

Rusesabagina, qui a inspiré le film hollywoodien « Hotel Rwanda » en 2004, fait l’objet d’un mandat d’arrêt international et fait face à un certain nombre d’accusations dont celles de terrorisme, d’incendie criminel, d’enlèvement et de meurtre perpétrés contre des civils rwandais innocents et non armés sur le territoire rwandais, notamment dans le district de Nyaruguru en juin 2018 et à Nyungwe et dans le district de Nyamagabe en décembre 2018, selon le Bureau d’enquête sur le Rwanda (RIB).

Le bureau a déclaré la semaine dernière, sans dévoiler de détails, que Rusesabagina, qui vivait en exil, avait été arrêté grâce à la « coopération internationale », ce qui a suscité des plaintes pour enlèvement de la part de certains militants des droits de l’Homme.

Rusesabagina, 66 ans, se serait rendu jeudi dernier à Dubaï, dans les Emirats arabes unis (EAU), d’où il est reparti le lendemain en toute légalité dans un jet privé, selon CNN.

Les EAU ont nié toute implication dans son arrestation.

 » Il y a pas eu de kidnapping, et il en attestera lui-même. Il n’y a rien eu de tel. Il n’y a eu aucun acte répréhensible dans la procédure qui l’a mené au Rwanda », a déclaré Paul Kagame dans une interview à la télévision rwandaise.

« Ceux qui cherchent à savoir comment il est arrivé ici, [en prétendant] que le gouvernement a dû se rendre coupable de ceci ou de cela – ils seront surpris de constater que Rusesabagina soit le seul responsable de sa venue ici. C’est un fait, » a-t-il ajouté.

Le personnage de Rusesabagina a été illustré dans le film Hôtel Rwanda sous les traits d’un hôtelier qui a hébergé des personnes pendant le génocide rwandais.

Le film raconte comment Rusesabagina a utilisé son influence en tant que manager pour corrompre et convaincre les responsables militaires d’assurer la sécurité d’environ 1 200 personnes qui avaient trouvé refuge à l’hôtel « Mille Collines », dans la capitale Kigali.

Mais IBUKA, une organisation qui chapeaute les associations de survivants du génocide au Rwanda, a déclaré qu’il avait exagéré son propre rôle dans l’aide apportée aux réfugiés pour échapper au massacre.

Dans un tweet publié jeudi dernier, le secrétaire d’État adjoint américain aux affaires africaines, Tibor Nagy, a déclaré qu’il avait discuté de l’arrestation avec l’ambassadeur rwandais aux États-Unis, Mathilde Mukantabana, et qu’il attendait du gouvernement rwandais qu’il « assure à Rusesabagina une procédure judiciaire impartiale et transparente « .

Kagame a assuré, dimanche, que les procédures judiciaires engagées contre le suspect seraient transparentes.

« Nous savons comment gérer cela. Ce sera fait au grand jour pour ceux qui sont intéressés par la transparence, l’équité, etc. Nous estimons que c’est aussi notre devoir de le faire. Je pense que les gens ne devraient pas s’inquiéter à ce sujet ».

Le génocide des Tutsi au Rwanda eut lieu du 7 avril 1994 jusqu’au 17 juillet 1994.

L’ONU estime qu’environ 800 000 Rwandais, en majorité tutsi, ont perdu la vie durant ces trois mois. Ceux qui parmi les Hutus se sont montrés solidaires des Tutsi ont été tués comme traîtres à la cause hutu.

D’une durée de cent jours, ce fut le génocide le plus rapide de l’histoire et celui de plus grande ampleur quant au nombre de morts par jour.

*Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj