Soudan: les ambassadeurs de 10 pays exigent la libération immédiate de tous les détenus politiques

Les ambassades des États-Unis et de 9 pays européens à Khartoum ont assuré dans une déclaration commune qu’elles continueront à reconnaître le gouvernement de transition au Soudan et son chef Hamdok.

Les ambassadeurs des Etats-Unis et de neuf pays européens au Soudan ont exigé, mercredi, la libération immédiate de tous les détenus politiques, et de rencontrer le Premier ministre Abdallah Hamdok.

C’est ce qui ressort d’une déclaration commune publiée par les ambassades de France, d’Allemagne, d’Italie, des Pays-Bas, de Norvège, d’Espagne, de Suède, de Suisse, du Royaume-Uni et des États-Unis à Khartoum, et consultée par l’Agence Anadolu.

La déclaration commune a évoqué le retour du Premier ministre soudanais Abdallah Hamdok à son domicile, appelant à « la libération immédiate de tous les détenus politiques sans délai ».

« Nous continuons de reconnaître le Premier ministre et le Conseil des ministres en tant que direction constitutionnelle du gouvernement de transition », souligne les chancelleries des 10 pays.

« Il est important que nos ambassadeurs à Khartoum puissent communiquer avec le Premier ministre, nous demandons donc de toute urgence de pouvoir le rencontrer », ajoute la déclaration.

Mardi soir, Hamdok a été ramené sous étroite surveillance, à sa résidence à Khartoum, avec son épouse, après son arrestation par l’armée, « à la suite de pressions internationales pour le libérer », rapporte un communiqué du bureau du Premier ministre soudanais.

La déclaration commune des dix ambassadeurs a également souligné « l’importance de respecter le droit fondamental de manifester de la part de tous les citoyens soudanais, ainsi que tous les autres droits humains de tous les citoyens ».

« Les forces de sécurité doivent s’abstenir de toute attaque violente, et les manifestants pacifiques doivent être protégés », ajoute la déclaration.

« Nous réitérons une fois de plus les appels internationaux pour un retour immédiat à la feuille de route pour la transition démocratique du Soudan, conformément au document constitutionnel et à l’accord de paix de Juba », soulignent les ambassadeurs des 10 pays.

Et la déclaration commune d’ajouter, « Un dialogue inclusif, pacifique et constitutionnel entre toutes les parties prenantes au Soudan, est la seule voie vers la liberté, la paix et la justice pour tous ».

Lundi à l’aube, l’armée a arrêté des dirigeants de partis, des ministres, ainsi que le Premier ministre et son épouse. Le général Abdel Fattah al-Burhan a annoncé la dissolution des Conseils de souveraineté et des ministres (les autorités de transition), s’est engagé à former un gouvernement de compétences indépendantes, et décrété l’état d’urgence.

Celui qui chapeaute jusque-là la transition dans le pays, a également révoqué des gouverneurs et annoncé la suspension de certaines mesures de la charte constitutionnelle relative à la gestion de la phase de transition.

L’Union africaine (UA) a annoncé mercredi la suspension du Soudan de toutes ses activités. Dans la foulée, la Banque mondiale a suspendu son aide en faveur du Soudan, alors que des pays et des organisations régionales et internationales ont appelé à l’achèvement du processus de transition démocratique dans le pays.

Pour la deuxième journée consécutive, Khartoum et le reste des États du pays étaient le théâtre mardi, de manifestations contre les décisions du général Abdel Fattah al-Burhan.

Quatre manifestants ont été tués et plus de 80 autres ont été blessés, selon le Comité central des médecins soudanais (non gouvernemental), qui a accusé les forces du Conseil militaire d’avoir ouvert le feu sur les protestataires, alors que l’institution militaire n’a pas réagi à cet effet.

Le Soudan avait amorcé, depuis le 21 août 2019, une période de transition de 53 mois qui devait s’achever par la tenue d’élections début 2024. En attendant l’échéance électorale, le pouvoir était partagé entre l’armée, les forces civiles et les mouvements armés qui ont signé un accord de paix avec le gouvernement le 3 octobre dernier.

Yassine Aydi *Traduit de l’arabe par Majdi Ismail