Une médecin qui a alerté sur l’épidémie aurait disparu

La docteure Ai Fen, cheffe des urgences de l’Hôpital central de Wuhan, a disparu depuis qu’elle a donné une interview début mars où elle expliquait avoir subi des pressions pour la faire taire.

La docteur Ai Fen a alerté, en Chine, dès décembre 2019 sur la dangerosité du nouveau coronavirus Covid-19. En mars 2020, elle a regretté de s’être tue à la demande de sa direction. Depuis, on n’a plus aucune nouvelle de la médecin, rapporte un documentaire de 60 Minutes Australia, repéré par Midi Libre.

Le 30 décembre 2019, bien avant la prise de conscience internationale, la docteur Ai Fen lit un rapport d’un laboratoire qui a analysé les échantillons prélevés sur une malade de Wuhan. Le coronavirus qu’elle porte est un « SRAS » et est « de manière évidente contagieux ». Elle diffuse ces résultats à ses collègues, malgré l’ordre du gouvernement chinois de se taire.

Le 2 janvier, un directeur de l’inspection de l’hôpital l’accuse de « répandre des rumeurs », de « créer des problèmes » et de manquer à la « discipline d’équipe ». On lui demande de se taire, ce qu’elle fait. Le 20 janvier seulement, la Chine officialise que le virus se transmet d’homme à homme.

Pourtant, à l’occasion de la visite du président chinois à Wuhan le 20 mars, le docteur Ai Fen répond à une interview du magazine Ren Wu (Les Gens), filiale du groupe du Quotidien du peuple, l’organe de presse officiel chinois. « Si mes collègues avaient été prévenus plus tôt, ils ne seraient pas morts, explique-t-elle. Si j’avais su comment l’épidémie allait évoluer, je serais passée outre la réprimande ; j’en aurais parlé partout. »

Le gouvernement chinois, après la publication de cet entretien accusateur, a saisi les éditions papier du journal et expurgé le site Internet de Ren Wu. L’interview a entre temps pu être copiée par des internautes. Or, depuis, on n’a plus aucune nouvelle de la docteure Ai Fen


Crédit : STR / AFP