Washington condamne « les actions de l’armée soudanaise contre le gouvernement de transition »

Le secrétaire d’État aux Affaires étrangères a annoncé la suspension des aides de 700 millions de dollars au Soudan, qui devaient soutenir la transition démocratique

Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a annoncé la condamnation explicite exprimée par son pays de ce qu’il a qualifié d’ »actions de l’armée soudanaise contre le gouvernement de transition dirigé par des civils ».

C’est ce qui ressort d’un communiqué du secrétaire d’Etat Blinken, rendu public sur le site web du département d’État américain, au soir du lundi.

Antony Blinken a déclaré que les États-Unis « condamnent fermement la prise du pouvoir par l’armée au Soudan », notant l’extrême préoccupation de Washington face aux informations selon lesquelles les forces de l’ordre soudanaises auraient utilisé des munitions réelles contre des manifestants pacifiques.

Et d’ajouter que les mesures annoncées par le commandant suprême des forces armées au Soudan, Abdel Fattah al-Burhan, « entravent la transition démocratique du pays et constituent une trahison de la révolution pacifique au Soudan ».

Blinken a souligné la nécessité de libérer immédiatement le chef du gouvernement civil, Abdullah Hamdok, notant que Washington « soutient fermement la revendication du peuple soudanais d’établir un gouvernement civil qui favorisera la transition vers la démocratie ».

Dans ce contexte, le secrétaire d’Etat américain a souligné que les Etats-Unis sont sérieux dans leurs avertissements dans la mesure où ces actions qui sapent les aspirations démocratiques du peuple soudanais, entraîneront la suspension de l’aide américaine au Soudan.

Il a annoncé que Washington avait « immédiatement » ordonné, à la lumière des développements récents, « de suspendre l’aide de 700 millions de dollars de fonds de soutien économique d’urgence au Soudan, consacrés au soutien de la transition démocratique dans le pays ».

Blinken a indiqué que Washington évalue actuellement les prochaines actions qui seront prises, en fonction de la nouvelle situation au Soudan.

Al-Burhan a déclaré l’état d’urgence dans le pays, dans la journée du lundi, et la dissolution du Conseil de souveraineté (qu’il dirigeait), ainsi que le limogeage des ministres de la transition, des gouverneurs, et la suspension de certaines dispositions du document constitutionnel, dédiées à la gestion de la période de transition.

Il a justifié ses décisions en déclarant, dans une allocution télévisée, que « l’incitation au chaos par les forces politiques nous a poussés à agir pour préserver le Soudan », considérant que « ce que le pays traverse est devenu un réel danger ».

Quelques heures avant ces décisions, les autorités ont procédé à une série d’arrestations, parmi lesquelles on compte celle du chef du gouvernement de transition, Abdullah Hamdok, avec des ministres, des responsables et des chefs de parti.

Dans des communiqués distincts, émis par plusieurs forces politiques, ont appelé les citoyens à manifester et à mettre en œuvre une désobéissance civile globale.

Avant l’évolution de la situation du lundi, le Soudan vivait, depuis le 21 août 2019, une période de transition de 53 mois, qui devait se terminer par la tenue d’élections au début de l’année 2024. Durant cette phase transitionnelle, le pouvoir était partagé entre l’armée, les forces civiles et les mouvements armés qui ont signé un accord de paix avec le gouvernement, en 2020.

Cette période de transition a commencé à la suite à la destitution d’Omar el-Bechir par l’armée, le 11 avril 2019, sous la pression des protestations populaires contre son régime, qui s’est installé au pouvoir après un coup d’État militaire, en 1989.

Mennatallah H. H. M. Said A. * Traduit de l’arabe par Mounir Bennour.